Les actifs de plus de 55 ans (les “seniors”) affichent un taux de chômage en augmentation depuis une dizaine d’années de 4,3% en 2007 à 6,5% en 2018, selon l’Insee.
En moyenne de 2016 à 2018, à l’âge de 60 ans, près de 28 % des personnes ne sont ni en emploi ni à la retraite. Ces statistiques suscitent débat, en pleine réforme des retraites, avec notamment la création du fameux âge pivot. Ce qui a motivé des travaux d’analyse sur la question des seniors. Un rapport, réalis é par Sophie Bellon, présidente du conseil d’administration de Sodexo, avec Olivier Meriaux, ancien directeur général adjoint de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, et Jean-Manuel Soussan, directeur général adjoint de Bouygues Construction, a été remis au gouvernement le mardi 14 janvier. Tour d’horizon des principales pistes évoquées.
En 2018, seuls 15,8% des chômeurs de plus de 50 ans ont retrouvé un emploi le trimestre suivant, contre plus de 23% pour les 25-49 ans. C’est un problème d’importance quand on sait que dans sa réforme des retraites, le gouvernement veut faire travailler plus longtemps les Français.
Une quarantaine de propositions ont été formulées dans le rapport Bellon-Meriaux-Soussan, au centre desquelles figure la problématique du vieillissement des travailleurs. Il est recommandé notamment de fluidifier les relations entre les médecins du travail, les médecins traitants et les entreprises, ou encore d’abaisser les seuils déclenchant l’obligation de négocier un accord sur la pénibilité. Ce thème est bien au coeur de l’actualité : 48 % des personnes très exposées à la pénibilité au travail estiment d’ailleurs qu’il n’est pas nécessaire de mener une réforme des retraites selon le sondage Ifop réalisé pour la Fondation Jean Jaurès en janvie r.
Enfin, le côté financier est bien évidemment abordé dans le rapport Bellon-Meriaux-Soussan qui préconise une hausse des investissements faits dans la prévention des risques professionnels, avec un ciblage précis sur le vieillissement.
Un autre pan du rapport est consacré au renforcement de l’offre de formations en fin de carrière.
L’idée retenue : la mise en place d’un bilan de compétences “salarié expérimenté”, à partir de 20 ans d’expériences, qui ne coûterait rien à l’employé. Aussi, le rapport suggère de mettre en place un mécanisme d’incitation à mobiliser son compte personnel de formation (CPF) dans une perspective de préparation à la retraite “active” (bénévolat, mandats associatifs ou politiques, etc.). Dans la foulée, le rapport préconise la mise en place de plateformes de services au niveau local pour mieux organiser le marché du travail des seniors et faciliter, en particulier, la mobilité entre les filiales dans les grands groupes.
Troisième axe de réflexion : faciliter la transition entre l’emploi et la retraite. Comment ? En incitant les français à cumuler emploi et retraite. A ce sujet, les experts proposent de rendre créatrices de droits à la retraite les cotisations prélevées sur les revenus d’activité exercée dans le cadre de ce cumul emploi-retraite à taux plein.
Autre point important au sujet de la transition entre l’emploi et la retraite : l’aménagement de fin de carrière. Le rapport Bellon-Meriaux-Soussan suggère d’expérimenter, au niveau des branches et des entreprises volontaires, la mise en place d’un “droit de demander” un “aménagement raisonnable” de l’organisation du travail. Par exemple, cela pourrait prendre la forme d’un passage à temps partiel, avec le maintien des cotisations sur la base d’un temps plein.